Première mondiale pour le groupe français Safran qui vient d’obtenir de l’Europe la première certification d’un moteur électrique destiné à l’aéronautique. De quoi donner un vol d’avance au Français dans la course à la décarbonation attendue en 2050 dans un secteur toujours en pleine croissance.
L’innovation française continue de briller dans le ciel, sans tintamarre, mais avec détermination et efficacité. Comme en témoigne la 1ère certification européenne obtenue par le groupe Safran pour son moteur électrique ENGINe-US 100, une première mondiale dans l’aéronautique. Ce succès illustre la capacité de la France à repousser les limites technologiques et jouer les pionniers, tout en répondant aux enjeux environnementaux du marché de la mobilité.
Une avancée technologique majeure
Lundi 3 février, le groupe français d’aéronautique s’est félicité d’être, le premier au monde donc, à obtenir la certification pour son tout nouveau moteur électrique, ENGINe-US 100, conçu par sa filiale Electrical and power. Un moteur autonome à entrainement direct destiné à équiper les avions électriques mais aussi hybrides. C’est là la récompense de neuf années de travail, dont quatre pour obtenir la certification qui ouvre la piste de la commercialisation.
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Après 1 500 heures de tests et plus de 100 heures de vol, ce moteur compact et léger (rapport poids/puissance de 5 kW/kg), capable de délivrer 125 kW de puissance, a donc répondu à tous les critères techniques et sécuritaires de l’exigeante certification par l’Agence de l’Union européenne pour la sécurité aérienne (EASA).
Grâce à sa conception, son intégration de fonctionnalités, sa légèreté et sa compacité, ce moteur innovant a vocation à être monté sur de nombreux types d’aéronefs : transport de passagers ou de marchandise, sans oublier les applications militaires… Il pourra ainsi trouver sa place sur les petits avions électriques (2 à 4 passagers) pour des trajets courts d’une centaine de kilomètres, ainsi que, en version hybride, sur des appareils de transport régionaux qui pourront proposer jusqu’à 19 places et voler jusqu’à 450km/h pendant environ 3 heures. Mais Safran travaille déjà sur un grand frère de l’ENGINe-Us 100: « le XL », une version boostée à 750 kW qui pourrait servir à hybrider le successeur des Airbus A320, attendu en 2035.
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Légende : Le moteur de Safran doit notamment équiper le futur avion hybride régional de la société Aura Aero qui entrera en service en 2028. Il pourra transporter jusqu’à 19 passagers ou 1,9 tonne de matériel à une vitesse de croisière de 250 KTAS (environ 450km/h) avec décollage en full électrique.
L’avancée réalisée par Safran et sa filiale est déjà spectaculaire et le plus dur déjà fait en matière d’électrification des moteurs d’avion. «Il a fallu mettre au point une technologie de rupture, démontrer sa fiabilité et établir un nouveau référentiel de certification», a résumé Bruno Bellanger, président de Safran Electrical & Power lors de la présentation du modèle certifié. Il ne reste plus qu’à exploiter et poursuivre le travail engagé.
Safran prévoit une production en série d’ENGINe-US 100 dès la fin 2026 dans ses usines ultra-automatisées à Niort et au Royaume-Uni, avec une capacité annuelle de plus de 1 000 moteurs qui contribueront à réduire l’empreinte carbone dans un secteur aérien qui en a grand besoin.
Des projets de collaboration…
Maintenant que la certification est acquise, Safran va dérouler la road map de son nouveau moteur. Plusieurs accords doivent permettre de rapidement installer ENGINe-US sur des avions de courte et moyenne distance. On note ainsi les projets d’intégration en attente :
- Integral E (du toulousain Aura Aero) : c’est un avion biplace électrique prévu pour fin 2026. Le modèle régional ERA (19 places), également équipé d’ENGINe-US, vise une commercialisation en 2028.
- Cassio (de VoltAero, installée à Paris et en Charente) : cet avion utilisera les moteurs Safran pour ses versions hybrides de transport régional de 12 personnes avec autonomie de 3,5 heures.
- Bye Aerospace (USA), Electra-aéro (USA et Suisse) : ces sociétés d’aéronautique innovantes ciblent le marché nord-américain avec des solutions hybrides-électriques propre, avec courte distance d’atterrissage et réduction de bruit en aéroports.
- Diamond Aircraft (Autriche) et TCab Tech (Chine) se sont déjà déclarés intéressés par le bijou de Safran, d’autant que sa certification va leur permettre de gagner un temps précieux dans l’âpre course aux mobilités propre qui a déjà commencé.
…et des concurrents en vue
A côté de Safran, la concurrence s’affaire aussi à trouver des solutions de transport aérien propre performantes. Parmi elle, se sont déjà fait connaître, tous américains : GE Aerospace, Pratt & Whitney, magniX, ou encore Joby ou encore Archer, mais gageons que la Chine n’est pas en reste.
Un marché aérien en constante progression
Le transport aérien mondial devrait atteindre cette année le record de 5,2 milliards de passagers, générant des revenus estimés à plus de 1 000 milliards de dollars. La demande croissante pour des solutions durables offre un terrain fertile à l’électrification du secteur. Premier sur la ligne de décollage, Safran se positionne ainsi comme un acteur clé dans cette transition, répondant aux objectifs de décarbonation fixés pour 2050.