La France a franchi un pas déterminant dans la course à l’informatique quantique grâce au ministère des Armées qui a mis 500M€ sur la table et retenu 5 startups hexagonales pour créer un ordinateur quantique universel. C’est le projet « Proqcima ».
C’est une jeune technologie qui s’est réveillée il y a environ 15 ans avec la promesse d’une rupture sociétale considérable. Grâce à sa puissance de calcul surmultipliée, l’informatique quantique fera faire – c’est sûr – un bond en avant spectaculaire à de nombreux domaines : création de médicaments et recherche médicale, mise au point de nouveaux matériaux, accélération fulgurante de l’apprentissage de l’IA, définition de nouveaux modèles financiers ou assuranciels, optimisation de la cryptographie…
Pour tenir ses promesses, le calcul quantique nécessite le recours simultané à une multitude d’outils : de nouveaux matériaux, des processeurs en phase de conception, de la lumière et des miroirs, des rayons laser, du vide accentué (le même que sur la lune !), du froid… C’est ainsi que l’on gagne considérablement en vitesse et que l’ordinateur peut faire non plus des calculs linéaires comme nos ordinateurs actuels, mais « superposés » et complexes puisqu’ici les bits se nomment « Qubit » et peuvent être à la fois 0 et 1.
Concrètement, imaginez un problème complexe que le supercalculateur actuel le plus puissant mettrait des dizaines d’années à résoudre, les ordinateurs quantiques pourront accomplir cette tâche en quelques secondes.
500 millions d’euros pour deux prototypes
La maitrise de cette technologie en construction est donc un enjeu considérable, incontournable, au plan scientifique, économique, et stratégique.
C’est pour cette raison que la France a mis au point le programme Proqcima, lancé en mars dernier par la Direction Générale de l’Armement. Fort d’une enveloppe de 500 millions d’euros, ce projet vise à développer deux prototypes français d’ordinateurs quantiques universels de 128 qubits logiques d’ici 2032.
5 startups en compétition pour l’Excellence
Afin de mener à bien cette quête, l’Agence du Numérique de Défense (AND) a sélectionné cinq startups françaises de pointe :
- Alice&Bob travaille sur des ordinateurs à correction d’erreurs,
- C12 développe des processeurs utilisant des nanotubes de carbone
- Pasqal se concentre sur des ordinateurs à atomes neutres
- Quandela se concentre sur des ordinateurs quantiques « optiques full-stack ».
- Quobly, enfin, a choisi de miser sur des processeurs tolérants aux erreurs.
Toutes ces entreprises sont lauréates de la FrenchTech 2030. Parmi les premières pistes d’applications sur lesquelles il leur a été demandé de travailler figure évidemment les applications de défense, secteur gros consommateur de calculs. La DGA devrait d’ailleurs être un des tous premiers clients utilisateurs de cette perle tant attendue.
Vers une nouvelle ère de calcul et d’innovation
La diversité technologique de cette sélection est cruciale car, comme on le rappelle à la DGA, « Personne au monde ne sait aujourd’hui quelle sera la solution permettant de passer à l’échelle industrielle« , l’objectif ultime. Toutes les pistes doivent donc être explorées.
L’impact attendu de cette technologie est comparable à celui de l’invention du transistor (en 1947), avec des avancées potentielles dans la miniaturisation et l’efficacité des systèmes informatiques.
Une course mondiale vers le leadership scientifique
La France n’est pas seule dans cette course à l’innovation quantique. La compétition est mondiale, et des géants comme IBM et Google investissent massivement depuis plus de dix ans dans leurs propres technologies quantiques et disposent déjà de prototypes et… leurs clients frappent déjà à la porte : Nasa, gouvernements, centre de recherches….
La France, grâce à des programmes comme Proqcima, au soutien du ministère des Armées, a pris conscience de la nécessité de ne pas rater cette échelle technologique. Elle a aussi des compétences scientifiques fortes et reconnues, comme, pour ne citer qu’elle, celles du Français Alain Aspect, prix Nobel de physique 2022, avec l’Américain John F. Clauser et l’Autrichien Anton Zeilinger, pour leurs travaux sur… les technologies quantiques.