Pour elle, les JO ont commencé bien avant la cérémonie d’ouverture. Mais qu’elle est donc cette « Intelligence Artificielle neuromorphique » dans laquelle la France est en train d’investir et qui s’est déployée sur le terrain de jeux des JO ?

Pour faire simple, il s’agit d’une nouvelle avancée technologique qui s’inspire du fonctionnement du cerveau humain pour améliorer l’efficacité et la rapidité des systèmes informatiques. Cette technologie qui s’évertue à modéliser les réseaux neuronaux biologiques est particulièrement prometteuse pour les applications embarquées, notamment les voitures autonomes et les smartphones.

Rendre intelligentes les caméras de video-surveillance

Les JO de Paris 2024 qui vont bientôt débuter, seront sans doute le terrain de jeux initial favori de cette IA cérébralisée, avec des tests grandeur nature d’utilisation de capteurs neuromorphiques dans les caméras de sécurité intelligentes, leur permettant de détecter et d’analyser des mouvements inhabituels en temps réel, réduisant ainsi la consommation d’énergie tout en augmentant la précision des détections d’intrusion.

15M€ pour créer des capteurs neuromorphiques, made in France

Dans la compétition mondiale qui se joue autour de l’IA, le leader mondial de cette technologie basée sur la duplication du réseau neuronal s’appelle Prophesee et il est Français !

A la veille de l’ouverture des JO, l’entreprise parisienne, qui emploie 350 ingénieurs et compte déjà des bureaux en Chine, aux US et au Japon, annonce un investissement de 15 millions d’euros pour développer une nouvelle génération de capteurs neuromorphiques, fabriqués en France. Ce projet, baptisé PERSEPHONE, est cofinancé par l’État français dans le cadre du programme « IA Embarquée » de France 2030, géré par Bpifrance.

L’objectif principal de ce projet est de généraliser l’intégration de l’IA neuromorphique dans les téléphones mobiles, permettant des avancées significatives en termes :

  • de qualité d’image,
  • de faible consommation énergétique,
  • de rapidité de traitement et de confidentialité des données.

Contrairement aux technologies traditionnelles, cette approche ne nécessite pas de traitement et de stockage dans le cloud, car tout est effectué localement sur l’appareil. Prophesee vise l’intégration de sa technologie dans potentiellement 1,3 milliard de smartphones !

Une analyse pixel par pixel au millième de seconde

Si les capteurs Metavision de Prophesee vont révolutionner la photographie mobile c’est parce qu’ils se concentrent uniquement sur les mouvements dans une scène, pixel par pixel, analysé tous les millièmes de seconde. Chaque pixel agit comme un neurone, s’activant de manière autonome en fonction du mouvement détecté. Cette activation, appelée « événement », permet de synchroniser le capteur d’images avec le capteur neuromorphique pour extraire les informations de mouvement à l’échelle de la microseconde. Cette technologie permet de corriger le flou des images dans toutes les conditions et de produire des vidéos super ralenties et fluides, tout en ouvrant de nouvelles perspectives pour la détection de gestes et mouvements.

Une pépite française, précurseur de l’IA

Luca Verre, CEO de Prophesee, souligne que ce financement « confirme le leadership technologique de Prophesee ». Il ajoute que cette initiative, réalisée en partenariat avec des acteurs de référence, vise à « faire émerger la nouvelle génération d’IA neuromorphique embarquée pour le marché des téléphones mobiles ».

Paul-François Fournier, Directeur Exécutif en charge de l’Innovation chez Bpifrance, estime, lui, que « Prophesee fait partie des pépites technologiques ayant très tôt identifié les potentiels de l’IA embarquée ». Il ajoute que ce projet, soutenu par la stratégie nationale pour l’IA de France 2030, démontre concrètement l’ambition de la France de rester à la pointe de la technologie mondiale.

Avec Persephone, Prophesee va renforcer son positionnement d’acteur clé de l’IA neuromorphique et propulser un peu plus la France à l’avant-garde de l’innovation technologique.