On le sait, l’Intelligence Artificielle a déjà investi le secteur de la santé, notamment celui du diagnostic, sans pour autant impacter encore le quotidien des Français. Et si on doit reconnaître que Doctolib et son service de prise de rendez-vous médicaux en ligne a changé en 10 ans la vie des patients et médecins, elle n’est pas parvenue à enrayer la carence d’offres de soins en France.

C’est pourquoi, à partir de ce mardi 15 octobre, Doctolib donne rendez-vous à l’IA sur sa plateforme de services dédiés aux médecins et patients. Une première ! Avec l’ambition de redonner massivement du temps médical et de l’efficience à l’offre de soins médicaux, victime du cumule de trois maux : la pénurie de soignants, le surpoids administratif, les rendez-vous non honorés.

Un challenge accessible quand on sait que la plateforme, connue surtout pour faciliter la prise de rendez-vous médicaux en ligne, est aujourd’hui utilisée par 9 Français sur 10 au quotidien.

Cocréée en France en avril 2013 par Stanislas Niox Chateau, son actuel PDG, la plateforme a depuis élargit son offre à l’Allemagne, l’Italie et aux Pays-Bas. Elle revendique dorénavant en réalité 90 millions de patients et 1 million de professionnels de santé utilisateurs ! De quoi, effectivement permettre à l’introduction de l’IA de peser sur l’organisation et la pratique des soins pour contrebalancer la pénurie de médecins, en France et en Europe.

A partir du 15 octobre, donc, Doctolib introduit l’IA dans ses logiciels, ceux de sa plateforme de rendez-vous, et ceux mis à disposition des médecins pour travailler. Grâce à son efficacité, le PDG cofondateur de la plateforme, Stanislas Niox-Chateau, propose plusieurs avancées significatives, bénéfiques à la fois aux médecins et aux patients. Et par impact à l’ensemble du système de santé.

1. « assistant de consultation » qui redonne du temps pour le soin

Première mission de l’IA, selon Doctolib : « augmenter la qualité de l’échange entre le médecin et le patient ». Grâce à cette innovation, les médecins peuvent pleinement se concentrer sur leur patient sans être parasités par l’habituelle et chronophage prise de notes. Véritable assistant-auditeur durant la consultation, l’IA « écoute », retranscrit automatiquement les échanges, le praticien n’a alors plus qu’à relire et vérifier le compte-rendu et même l’organisation des données collectées, une fois le patient parti.

Ce gain de temps dédié au soin et de concentration, réclamé par les médecins, doit, selon le PDG de la plateforme, contribuer à améliorer la qualité de l’observation clinique et renforcer la profondeur du lien humain avec son patient, mettant ainsi fin à une critique récurrente. Tout ceci avec un probable impact à la baisse sur le risque d’erreur médicale.

2. Compte-rendu « bluffant »

L’importance du compte rendu de consultation n’est plus à démontrer. Mais écouter un patient, prendre des notes, tout en « tiltant » sur un élément, un symptôme d’apparence anodin, n’est pas chose facile, surtout si, débordé par la demande, le médecin cumule fatigue et stress. C’est pourquoi Doctolib a longuement travaillé sur l’IA-assistante de consultation, testée plusieurs mois par 350 médecins volontaires. Aujourd’hui, Stanislas Niox-Chateau n’hésite pas à évoquer la « qualité de retranscription bluffante » de son IA, à laquelle s’ajoute un tri automatique pertinent des données recueillies durant la consultation. De quoi réduire les erreurs humaines liées à la prise de notes manuelle, même si les IA actuelles ne sont pas infaillibles et nécessitent un contrôle continu.

3. « Assistant de rendez-vous » plus pertinent

Autre innovation apportée par l’IA, la mise à disposition d’un « assistant virtuel intelligent » pour la prise de rendez-vous, autre point chronophage du cabinet médical. Mise en place en 2025, cette fonctionnalité automatisée permettra aux patients de bénéficier d’une prise de rendez-vous plus rapide et intuitive, grâce à des recommandations basées sur l’historique de leurs consultations mais aussi l’analyse du besoin spécifique du moment : type de consultation, urgence, antécédents médicaux (ce que ne fait pas aujourd’hui la plateforme Doctolib), pour proposer les créneaux les plus adaptés à chacun, en tenant compte bien sûr des contraintes d’agenda des praticiens et de la disponibilité du patient. Cet outil a été conçu pour être entièrement modulable, s’adaptant aux spécificités des praticiens et aux types de soins requis.

En complément, cette IA s’assure que les patients reçoivent des rappels automatiques et des notifications, ce qui limite les oublis et les annulations de dernière minute, ce que fait déjà aujourd’hui Doctolib, pour prévenir les « rendez-vous-lapins ».

Plus de données collectées, mais pas de stockage

Ce recours à l’IA implique par essence une collecte de données beaucoup plus massive et systématique qu’auparavant. Ce qui pose à nouveau la question du stockage et de l’usage de ces données de santé considérées par certains comme le nouvel or noir, tant elles ont de valeur, notamment pour la recherche. De ce point de vue, Doctolib assure que les conversations retranscrites entre le médecin et son patient, ainsi que les données collectées ne seront ni stockées ni vendues par Doctolib. Le patient pourra d’ailleurs s’opposer à l’intervention de l’IA dans la consultation, son accord explicite est d’ailleurs prévu dans le protocole qui sera mis en place.

Nouvelle volée d’innovations, donc, pour Doctolib, après les rappels de rendez-vous, le paiement en ligne, l’introduction d’un dossier santé, les rendez-vous pour téléconsultation… Ca n’est manifestement pas pour rien que le fondateur de la licorne française, Stanislas Niox-Château est considéré depuis plusieurs années déjà, comme l’entrepreneur préféré des Français, selon le magazine Forbes.