Un robot humanoïde, un CyberVan et un cyber taxi autonomes ; Tesla vient de dévoiler ses dernières innovations lors d’un show à Los-Angeles dont Musk était le héros. Vraies innovations ? Show ou meeting politique à 1 mois de la présidentielle ? Spectacle pour réchauffer une action refroidie en bourse ?.. Un peu tout ça sans doute.
Vidéo extraite du : We, Robot | Tesla Robotaxi Unveil : https://www.youtube.com/watch?v=6v6dbxPlsXs
Elon Musk veut reprendre la main et refait le show, histoire de redorer son image et celle de sa marque emblématique – Tesla- quelque peu bousculée par la concurrence, notamment chinoise, la bourse et l’entrée en politique de son fondateur. Jeudi soir, à Los Angeles, le milliardaire a dévoilé les dernières innovations de Tesla lors d’un spectacle dénommé « We Robot ». Au programme, un robot humanoïde, un taxi et un bus autonomes. Impressionnant. Mais était-ce suffisant pour rassurer sur l‘avenir de la marque et de son fondateur ?
L’innovation façon Hollywoodienne
On se serait cru dans un film de science-fiction. Dans une ville de demain, en pleine nuit, un véritable défilé – presque militaire – de robots noirs et blancs, dénommés Optimus, et estampillés Tesla sur le plastron, a surgit de nulle part, sous les yeux admiratifs et stupéfaits d’une foule agitée multipliant photos et commentaires. Une véritable mise en scène, avec en tête d’affiche un Musk-héros ouvrant le bal et levant le suspens à bord d’une voiture autonome en action nocturne au milieu de vélos.
Vidéo extraite du : We, Robot | Tesla Robotaxi Unveil : https://www.youtube.com/watch?v=6v6dbxPlsXs
Optimus : le barman sympa
Ses robots domestiques, bipèdes humanoïdes ont fait la démonstration de leurs réelles capacités. Certains ont pu converser avec les badauds, d’autres, déguisés en barman, avec chapeau de cow-boys, se sont montrés particulièrement « friendly and professionnal ».
Comme le rapporte GoldenGeek, sur X, qui s’est rendu au bar et raconte : « Il sert des canons à la tireuse (déjà ça me botte), il voit un mec faire un selfie, il lui demande «Tu veux une photo ? », il prend la pause et continue de prendre des commandes de Watermelon margarita ! ». Non seulement le robot remplit bien le verre de bière, mais Optimus lâche aussi au passage des « Peace everybody ! » pour mettre de l’ambiance. Pas mal !
Pas encore accessibles au grand public, ces humanoïdes pourraient être facturés entre 20 et 30000$ pièce.
Un CyberCab personnel… à partager
Autre voile levé lors de ce show : une voiture-taxi 100% autonome, le CyberCab, sans pédales ni volant, pouvant accueillir deux passagers, et disposant d’un grand coffre. Un design très « Tesla », métallique, sobre, presque trop, au concept hybride puisqu’il fonctionnera sur le principe de l’autopartage : on acquière ce véhicule, on s’en sert pour son usage personnel et le reste du temps, il pourra être utilisé par d’autres personnes via une application type Uber. Intéressant et séduisant d’un point de vue écologique et même économique si ce partage rapporte à son propriétaire. Musk imagine-t-il que ce robotaxi remplacera demain l’ensemble des voitures particulières ?
Petite innovation discrète au passage, en roulant, ce cab diffuse au sol un large rayon laser lumineux lorsqu’il détecte un potentiel obstacle, afin d’être vu et de rassurer les passagers.
Le prix est, comme souvent chez Tesla, attractif ; Musk le promet à moins de 30 000$, avec une mise en route des chaines de production en 2027.
Taxi autonome sur route en 2026
Enfin, à l’occasion de ce défilé du futur organisé dans un studio transformé en ville américaine, Musk a pu faire son cinéma et dévoiler son bus de demain, le CyberVan. Promis en 2016, il ressemble à bien des véhicules de films de science-fiction… d’hier, très dépouillé au point que certains s’amusent à le comparer à… un toaster. Pas de volant, pas de pédales, pas de technicien à bord, ce bus autonome peut transporter 11 passagers. Ne disposant d’aucune commande, le cyber taxi sans chauffeur nécessite une autorisation de circuler que Musk espère obtenir, au moins en Californie, d’ici 2026, d’ici une nouvelle batterie de tests. 2026, c’est-à-dire demain ! Mais que se passera-t-il si Trump est élu, lui qui est hostile à la voiture électrique ET à la voiture autonome ?..
Un show pour épater encore ou pour rassurer ?
Sans conteste, ce show fut un joli et amusant moment d’innovations, où l’on s’est imaginé déjà dans la ville de demain. Mais on ne peut s’interroger sur la temporalité de cet événement.
CyberVan et CyberCab arrivent (bientôt) avec un peu de retard, surtout si l’on considère les taxis autonomes qui roulent déjà dans certaines villes, comme San Francisco, sous la marque Waymo, filiale de Google et d’autres testés sur route par General Motors.
Des ventes et un virage politique qui inquiètent
Et puis, ces innovations sont annoncées avec tambours et trompettes alors que les ventes de voitures de la marque fléchissent de façon inquiétante : -8,5% au premier trimestre ! Un effet évident de la concurrence asiatique, même s’il se vend encore beaucoup de Tesla – 387 000 au 1er trimestre 2024. Autre difficulté, la marque n’est plus boostée par ses innovations spectaculaires étant parvenue à une forme aboutie de voiture électrique autonome, ses concurrents ayant par ailleurs combler en grande partie leur retard. Redorer le blason Tesla devient donc une nécessité.
Show ou meeting ?
Certains affirment enfin que son « total soutien » à Trump annoncé en juillet par Musk, commence à nuire à l’image de la marque et incitent certains acheteurs (démocrates notamment) à bouder la marque. Les chiffres du 3e semestre seront intéressants à observer à cet égard.
Organisé à un mois exactement du 1er tour de la Présidentielle américaine, qui en cas de victoire de Trump pourrait voir Musk propulser ministre ou conseiller, ce show avait aussi tout du meeting politique et d’une auto-promotion de dernière ligne droite.
Une grande fête, néanmoins, mais dans un contexte peu enthousiasmant pour la marque. Depuis le 30 septembre, l’action Tesla a perdu 16,5% à la bourse de New-York, dont 8,5% sur la seule journée de vendredi ! Comme un signe de scepticisme des investisseurs sur la capacité réelle d’innovation de la marque fondée par Musk et sur virage brutale vers la politique.